Somnambule dans la nuit mirage Tu marches sur des rêves d'orages Tête nue sous la voûte stellaire Et tes pas réverbères Aimantés par la force tellurique Inspirent l'évaporation poétique Rosée étincelante éphémère fleur Onde puissante de ton cœur * Tu écoutes la nuit tranchante cisailler des heures recluses abasourdies de silence Et tu ne penses plus L'écriture te veille Douce expiration vitale Retranscrire sa voix Et tu redeviens scribe Être élémentaire Tu inscris maintes pages dans la chair du papier Tends ta main vers ton enfance Ressens ce continuum Le temps du poème Et deviens passage Corps inanimé Seul t'écrit le souffle Et tu es aérien * Sculpte ta nuit sourde Poussière de roche Ensevelie éreintée Tes rêves écrus meurent Une toile au couteau inachevée Raconte l'esquisse de ton regard Ce serait l'incessant relief Ton âme érigée armure sur le chevalet oublié Une averse sonore érode soudain les arêtes de tes songes Tu t'éveilles arrimé au poème Surpris par son chant Souffle incarné en toi Tu écris à demi conscient Tu naîtras incessante brisure Dégradé de brume Lavis infini
Citadelle empreinte scellée à tes rêves Nuit dense incarnée au souffle du poème Invité par ses mains bées ceintes de silence Feu follet, tu serais l'indistinct corps volatile Grain de sable aggloméré à l'ouvrage nocturne Éclaboussure invisible dans l'épaisse noirceur Scribe devenu arpenteur de tes versets blancs Tu deviendrais résident de cette nuit de pierre * Agrippés au sous-bois du langage Lierre rocaille à la recherche de lumière Tes nuits, ossatures de tes versets S’essouffleraient engourdies durant d'interminables heures taries de clarté Dans l'attente de l'étoffe noire orangée de matins indécis * Tes aubes sont des ronces Encore lunaire tu titubes hirsute Une lumière frêle Déchiffre ton corps nocturne Et tes yeux sont des épines Noirs tes rêves alluvionnaires Au bord d'un éveil sabré par l'appel de l’exil Écoute frémir alors les aurores d'or Ressent poindre leurs mamelles Pointes d'acier trempé dans tes pupilles Ébloui, tu ne peux penser Tu vogues dénudé Désarmé par l'enfance des jours Souriant, le regard fixe Tu franchis avide l'horizon de tes nuits * Ivresse de l'ombre fuyante Opulence du rêve intraduit Dans la sablière des jours Et tu marches amoindri, enlisé À la recherche du tracé de tes nuits Innombrables sentiers fertiles Devenus friches, cristaux de brume Envahis par l'oubli
Traversée par la lame de l'oubli ton âme respire Tu ériges alors des fantasmes dans le bois de ta mémoire Et déplies ainsi ta double absence au monde S'envolent alors tes pensées blanches offertes au silence À travers ton regard ombré ébloui Tu recherches une vie contemplative Créée par le feu du poème sous les hautes futaies Cette enfance éternelle ébréchée par le temps * Tu ressens se détacher la peau du silence Sur une terre saturée de palabres Sourd en toi l'aube du poème Coda d'une nuit brûlée par l'attente * Tu exploras l'incandescente nuit satinée Ce long fleuve au cœur de ta mémoire sourde Charriant l'ombre boisée de tes visages flottants Et tu ne revins pas de tes journées brumeuses Timonières agrippées au gouvernail de ta vie Te guidant dans des chenaux d'écorces brisées Au cours de haltes sur les berges de ton exil Armé d'une plume suspendue aux ramures de tes rêves Ensemencé tu en écrivis l'avers solaire